Les mouches :

Les mouches :

Dès qu’un humain meurt, les mouches se précipitent.

Mais pas n’importe quelles mouches, et pas n’importe quand. La chorégraphie est immuable.

L’organisme humain, une fois mort, constitue une énorme réserve en nutriments pour les bactéries ainsi que pour les insectes. Les cellules du corps n’étant plus protégées par le système immunitaire, sont alors la proie d’insectes nécrophages voraces. Ces derniers vont se servir du corps de l’individu décédé, afin de se nourrir, ou de nourrir leurs progénitures. Quelques minutes après la mort de l’organisme, il se produit des réactions d’autolyse qui sont des transformations fermentatives (qui s’observent sans l’action de bactéries ou d’agents étrangers à l’organisme). Les substrats produits lors de ces réactions dégagent des odeurs spécifiques (pas forcément perceptibles par l’Homme), attirant ainsi les premiers insectes qui vont pondre leurs œufs dans les orifices naturels (sphincters, pores de la peau) et dans les blessures. La ponte se fait le plus souvent de jour et ne survient habituellement pas en dessous de 4 °C.

L’apparition des larves peut se faire en moins d’un quart d’heure après la ponte. Au cours du temps, l’altération du cadavre se traduit par le dégagement d’odeurs, spécifiques à une période donnée. En effet, à mesure que la décomposition progresse, les réactions d’autolyse changent, ainsi que les substrats produits et donc les odeurs dégagées. Ces nouvelles odeurs vont repousser les femelles attirées par les premières odeurs. D’autres femelles viennent ensuite, sélectivement, coloniser le cadavre, et constituent des escouades. L’insecte est attiré sélectivement par ce qui lui convient et il évite le reste.

Débarquent généralement les mouches bleues (Calyphora), les mouches de la première cohorte.

Elles sont là dans les 5 minutes qui suivent le trépas. Elles aiment le sang chaud. Si le terrain leur paraît propice, elles pondent leurs œufs dans la chair puis s’en vont dès que le cadavre commence à sentir fort.


 

Elles sont aussitôt remplacées par la deuxième cohorte, celle des mouches vertes (Muscina) 8 à 10 heures après.

Elles préfèrent la viande légèrement faisandée.

Elles goutent, pondent, puis laissent la place aux mouches grises.


 

Les mouches grises (Sarcophaga) celles de la troisième cohorte, qui prisent la viande d’avantage fermentée.

 

Viennent ensuite les mouches à camembert (Piophila).

Elles sont attirées par la fermentation des matières protéiques, donnant lieu à de fortes odeurs de vieux fromage dont sont amateurs les asticots. La mort date alors de 3 à 6 mois.

Puis et les mouches à lard (Ophira) sur la viande avariée, en décomposition.


 

Cinq escouades de mouches se succèdent ainsi sur nos dépouilles. Chacune se contente de sa part du « gâteau »et laisse intacte la part des autres. Sans parler des coléoptères qui sont aussi de la partie.

L’étude des insectes nécrophages est donc une technique permettant de dater la mort d’un être vivant. Elle peux aussi indiquer si un corps a été déplacé ou non, par exemple dans le cas ou une espèce champêtre serait relevée sur un corps trouvé dans une maison. Cependant, il faut noter que plusieurs de ces espèces ne peuvent être présentes sur un cadavre qu’à certains moments de l’année. Le temps de développement des insectes et la durée de décomposition du corps varient très fortement en fonction des conditions climatiques.