L’ effet « miroir »

L’ effet « miroir »

Dans nos interactions sociales, amicales, affectives, professionnelles, nous sommes exposés à ce que l’on appelle « l’effet miroir » ; c’est à dire aux projections psychologiques. Au sens psychanalytique du terme, les projections psychologiques sont les opérations par lesquelles le sujet expulse de soi et localise dans l’autre, des qualités, des sentiments, des désirs qu’il méconnaît ou refuse en lui. Au sens plus large, nous projetons sur les autres nos émotions, nos fausses croyances et nos complexes inconscients.

 

Par le mécanisme des projections psychologiques, nous percevons chez l’autre des aspects de nous-mêmes que nous refoulons par peur de nous confronter à cette partie sombre de notre psyché.

Ce déni d’une partie de nous-mêmes nous protège dans sa fonction de mécanisme de défense mais nous coupe aussi de notre Être véritable. En effet, notre nature profonde ne peut se révéler que lorsque nous levons le voile qui recouvre nos zones d’ombre.

QU’EST-CE QU’UNE ZONE D’OMBRE ?

Il s’agit de parties de nous-mêmes peu glorieuses que nous préférons ensevelir sous des tonnes de sable pour nous faire croire que nous sommes dignes d’être aimés. Alors certes nous pensons être une belle plage de sable blanc et cela nous rassure dans l’image que nous avons de nous-mêmes.

En fait l’inconscient ne fait pas de discrimination entre le sable blanc et le sable noir ; il n’a pas de préférence ou dejugement du style « j’aime / je n’aime pas » à l’inverse de notre conscient

La météo de notre plage dépend uniquement des projections psychologiques à l’œuvre dans nos relations interpersonnelles. Lorsque l’autre projette sur nous un aspect positif de sa personnalité, nous imaginons une belle plage de sable blanc en accord avec l’image parfaite que nous voudrions avoir de nous-mêmes.

En revanche, lorsque l’autre nous fait des reproches sur un mode projectif, nous sentons notre plage se salir de déchets dont nous avons l’impression qu’ils ne nous appartiennent pas. En fait, ils nous appartiennent dans la mesure où nous réagissons uniquement aux projections psychologiques qui nous touchent. Pourquoi nous touchent-elles ? Et bien car elles mettent en lumière les grains de sable noir que nous ne voulons pas mettre sur notre carte postale afin de garder l’illusion de notre Moi idéal.

 

Pour autant, nos émotions nous guident en nous faisant réagir à nos proches car nos réactions nous renseignent sur ce qui «cloche» entre notre inconscient et notre conscient. Dès que l’autre provoque en nous une réaction excessive nous devons songer aux projections psychologiques ; si cette personne m’agace ou me touche c’est qu’elle vient d’activer en moi une réaction à une croyance qui a conditionné mon schéma inconscient.

Les autres sont là en effet miroir pour nous faire grandir ; lorsque nous réagissons aux autres (qu’ils soient médisants ou suscitent notre jalousie ou admiration), nous nous connectons à une partie de nous-mêmes qui nous échappe. Notre réaction est alors déterminée par une émotion associée à une croyance qui a nourri notre schéma inconscient.

 

S'améliorer grâce à ses parties d'ombres

1 – Prendre conscience de ce qui vous agace chez quelqu’un
2 – Vous demander pour quelle(s) raison(s) cette attitude, ce comportement vous irrite autant.

Ex : Vous captez une maman dans un magasin qui se fâche d’une manière agressive en haussant la voix sur son jeune enfant. Plusieurs réactions sont possibles, puisque la perception est différente pour chacun. Vous pourrez peut-être vous dire :

« Elle n’a pas honte de parler aussi fort devant tout le monde ? »
« C’est injuste son enfant n’a rien fait de mal, je l’ai vu »
« Comment peut-on est agressif de cette manière envers son enfant ? »
« Quel manque de respect pour les autres, elle s’en fiche de crier devant tout le monde, ça ne se fait pas »

C’est à ce moment là qu’il est intéressant de vous demander en cet aspect se retrouve chez vous. Êtes-vous injuste, irrespectueux, honteux, agressif, dur, etc. avec vous-même ?

Cherchez bien.

3 – Prendre conscience d’une partie d’ombre en soi est une bonne chose. Maintenant, il faut la transformer, et surtout : ne pas se juger !
Juste, en prendre conscience, l’accueillir. C’est ok. Félicitez-vous pour cette découverte faite sur vous-même et prenez une décision :

soit, vous travaillez sur cet aspect de vous pour le dépasser et guérir de vos anciennes blessures
soit, vous acceptez pleinement cette facette de vous, tout en sachant que cela ne vous aidera pas à progresser et évoluer vers le meilleur de vous-même
Et surtout ! Rappelez-vous bien que quand vous critiquez et jugez une personne, c’est en fait vous, la véritable cible…

 

Dans le couple :

L’engagement dans une relation à deux est à la base un engagement envers soi-même.

Car votre partenaire vous fait miroir :

§  Miroir de vos propres aspects dans toutes ses formes,

§  Miroir de vos blessures, de vos émotions, de vos peurs que vous avez refoulées ou non

§  Miroir des aspects ou désirs que vous ne vous permettez pas de vivre.

Les personnes les plus proches sont en général les plus compétentes pour presser sur les boutons en nous, là où ça fait mal, très mal.

Notre conjoint est souvent un maître pour cela, mais ce n’est pas lui qui fait mal, il nous rappelle simplement notre propre douleur.

Et c’est exactement à ce moment-là que l’on doit s’engager à nouveau envers soi-même, prendre la responsabilité du fait que l’autre n’est pas le bourreau, mais qu’au contraire il nous rend service, dans le sens où il nous montre notre blessure.

C’est donc une chance pour nous de devenir plus conscient, de guérir nos blessures et nos émotions. Cela nous rend libres, nous permet de sortir de nos projections, de voir notre partenaire tel qu’il est et non pas à travers le filtre de nos lunettes du passé.

Reconnaître la loi du miroir, de la résonance est un chemin vers la liberté, l’auto-responsabilité et la réalisation de nous-même.

Vous avez bien-sûr la possibilité de vous séparer de votre partenaire, d’en changer, mais le problème dans tout cela est que vous n’avez pas vous-même changé.

Ainsi tôt ou tard dans votre nouvelle relation, si vous ne guérissez pas vos blessures refoulées en vous, vous répéterez de façon sûre et certaine les mêmes expériences.

Il vaut donc mieux se prendre en charge : prendre la responsabilité et faire quelque chose pour soi.

 

Photo article : Fabienne Gatti